En 2020, il n’est pas nécessaire de sortir de nos frontières pour découvrir la précarité menstruelle.
Pour ma part j’ai juste eu à prendre le bus. Le T2. À Une demi heure de chez moi pour arriver jusqu’à Maromme, là où se situe la résidence Charles Péan, foyer d'hébergements de l’Armée du Salut.
Aline Gest, éducatrice spécialisée, m’accueille aux portes du foyer, c’est la deuxième fois que l'on se voit. C’est avec l’aide de Sang Rancune 76, une association rouennaise qui collecte des protections périodiques et lutte contre le tabou des règles, qu’Aline et moi nous nous sommes rencontrées. Et c’est pendant le confinement que nous avons décidé de lancer une nouvelle collecte de dons via Leetchi.
Ce 8 octobre 2020, grâce aux 1100€ récoltés, je viens apporter 90 culottes périodiques aux 30 femmes hébergées au foyer de l’Armée du Salut, à Maromme, en Seine-Maritime.
Ce matin là, je rencontre Salima, 46 ans. Hébergée depuis plusieurs années dans cet établissement, Salima accepte de témoigner sur sa situation et c’est à trois avec Aline, que nous échangeons sur la précarité menstruelle.
Salima est sans ressources, elle (sur)vit grâce à l’aide de l’Armée du Salut. Aline nous explique que dans cette situation, des « tickets services » de 5€ par jour sont distribués une fois par mois. Salima en reçoit alors 30 à 31 et gère un budget de 150€. Le foyer donne en supplément un « colis d’hygiène » où les femmes trouveront un paquet de 10 serviettes hygiéniques « éco + » . Des serviettes trop épaisses et trop étroite, d'après Aline, il vaut mieux ne rien avoir à faire de la journée si on porte ces serviettes..
"Les serviettes que j’achète, je les mets quand je sors, les éco + je les utilise à la maison parce que tu peux pas bouger avec, elles ressemblent à des matelas! Et je n’utilise pas tout pour en faire des réserves. " nous raconte Salima.
Depuis toujours, Salima souffre lorsqu’elle a ses règles, elle nous explique que c’est compliqué de trouver des protections périodiques, elle n’a jamais essayé de tampons, et pour ce qui est du modèle de serviettes, celles dans son budget ne sont pas confortables, collent, grattent et parfois lui font avoir des infections.
Peut-on vraiment parler de « budget »?
« En tant que Femme, tu ne devrais pas avoir à te poser de questions sur quelque chose propre à ta nature humaine, et pourtant tu te retrouves à calculer, à mettre en place une vraie logistique, et finalement, choisir entre manger ou te protéger pendant tes règles » nous dit Aline, frustrée, qui demande depuis plusieurs années une augmentation de budget pour en finir avec les serviettes au rabais.
En visitant le centre, j’ai rencontré plusieurs employé-es, intrigué-es par le concept de la culotte périodique : est-ce que ça marche vraiment? est ce que c’est propre? les femmes vont-elles vouloir les porter?
Comment faire tomber les craintes sur le sujet? comment convaincre la planète entière que la solution est là sous notre nez (ou plutôt dans nos culottes) ?
En attendant la révolution menstruelle, 90 culottes périodiques devraient apporter un peu de confort et d'apaisement. Et ça c'est bien.
Merci merci merci pour votre soutien, ensemble on fait bouger les lignes.
ET ON NE LACHE RIEN!
Big Up et Big Love
<3
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